Nous ne saurons jamais la joie qu’ils ont d’appartenir à un retrait,
la dureté de s’installer sans frisson
au milieu d’un monde, et de tenir silence
comme on fabrique son écorce.
Pourtant, ils se désignent à nous pour la fraîcheur d’été
ou la couvrante des saisons creuses.
L’ombre qu’ils font et l’ombre qu’ils appellent
dorment sur un horizon replié
qui laisse au large le ciel
verser ses nuits à grandes eaux.
Eux se délestent
en s’enfonçant.
Ils se mettent en terre pour mieux trouver la respiration du soleil.
Et nous,
accrochés aux branches et rêvant de salut,
ne faisons que deviner
leurs sourires aplanis, leurs futaies de lenteur
qui se dispensent d’un visage.
(c) Dominique Sorrente
(extrait de l’Épithète du jour, inédit)