J’ai passé l’âge de m’intéresser aux nouveautés. Je parle ici de maturité. Il me semble en effet qu’après disons une petite décennie d’observations de l’espèce humaine, on a fait le tour. Non pas qu’on soit blasé mais on voit les cycles de fictions, on connaît les dossiers, la poudre aux yeux ne fonctionne plus ou si peu.
Et donc, en cette période de rentrée littéraire, je n’ai pas envie de céder à la nouveauté artificielle mais bien plutôt de rester dans l’intimité de l’expérience toujours aussi stratosphérique que constitue la lecture.
J’aime lire et être transportée, évidemment.
J’aime lire et apprendre, bien entendu.
J’aime lire à cœur ardent et, si possible, me quitter.
Là, mazette, je n’ai rien eu de tout cela.
Juste une grande claque.
Son livre était une nouveauté de la rentrée 2023.
A la rentrée 2024, c’était le procès de Gisèle Pélicot, la Bolivie brûlait avec l’Amazonie et le Portugal, les inondations ravageaient plusieurs endroits d’Europe centrale.
Rien à ajouter sur la rentrée actuelle si ce n’est qu’on prévoit toujours plus de budget pour l’économie de guerre et de dettes mais RIEN de plus pour protéger nos enfants, changer ce qu’il y a de mortifère et brisé, rien sur l’éducation à la paix, avec tout ce que ça implique, à commencer par s’écouter les uns les autres.
On pourrait se sentir désabusé hein. Se dire que c’est foutu, qu’on a renoncé à la paix dans le monde et dans les foyers.
Puis vient cette lecture non-nouvelle et sa claque de radicale honnêteté. Et là, juste pour ça, juste parce qu’un cerveau et un coeur sont capables de réagir à tant d’abus sans être désabusé justement, avec une lucidité impeccable, juste pour ça et sans trop savoir pourquoi je me suis dit que si, on peut apprendre, on peut construire la paix, on peut encore être humain comme elle.
Maintenant, à cause d’une fine racine que j’ai au Chiapas, je meurs d’envie de lire son 2e, "La Realidad".