Quand j’ai découvert l’Holocauste, ma vie a changé pour toujours. Je voyais pour la première fois l’horreur dont les humains étaient capables. Je ne suis pas juive, cette blessure n’est pas la mienne et pourtant c’était la mienne du fait d’être humaine. Celle-ci, et d’autres. Durant ce cours d’Histoire, j’ai grandi d’un coup. A 14 ans, j’en ai eu 100. Sans ordi, sans internet.
Depuis, je n’ai pas rajeuni. J’ai signé des pétitions, participé à des manifs, j’ai observé pour comprendre. J’ai entendu les indignations, les postures, les survivants, les "plus jamais ça", j’ai rincé mon cerveau, compris les enjeux souterrains et toutes formes de domination. En 2006, en visitant le Musée des Arts Premiers, la mise en scène impériale a achevé de me libérer du « bon goût » qui n’est qu’une autre forme subtile de domination. J’ai observé les grandes ONG qui essaient de remettre debout tout ce qu’il est si facile de détruire, les minuscules associations sans budget tenter de faire le bien aussi. Et des individus sortis de nulle part très souvent prêts à filer un coup de main spontanément. Avec d’autres, j’ai essayé de créer un changement pour celles et ceux qui ont peu accès à l’énergie renouvelable. Dans le même temps, avec une régularité de métronome, la liste d’horreurs toujours plus horribles s’allongeait. Haine et destructions comme piliers d’une forme de paix.
J’ai lu Hanna Arendt, Satish Kumar et Simone Weil bien sûr. J’ai fait l’effort de comprendre toutes les stratégies politiques. Les humains sont complètement fous d’avidité et de pouvoir, et ce depuis très longtemps. Nos dictateurs modernes ne peuvent pas nous surprendre. Mais dans cette folie, quelque chose d’autre est là aussi depuis longtemps, quelque chose qui aime, soutient, répare, construit, qui compte et qui est si peu dit.
Bisan Owda (@wizard_bisan1), femme immense ; a raison d’analyser que cet effacement de la population palestinienne avec un tel acharnement et sans autre motif que l’avidité marque la fin d’une ère et l’entrée dans un temps d’amoralité totale où plus personne ne semble vraiment se soucier de justice ni de solidarité. Pour moi, ça compte toujours.
Est-ce qu’on serait pas quelques milliards là ?