Mercredi 20 novembre 2013, par Eva Wissenz
"Qui est plus loin de nous, plus hors d’atteinte, plus silencieux - les morts, ou ceux qui ne sont pas nés ? Ceux dont les os reposent sous les chardons, la poussière ou les pierres tombales du passé, ou ceux qui glissent, légers, parmi les molécules, demeurent là où un siècle passe en un jour, parmi le peuple au teint clair, sous la colline du Possible aux rondeurs de cloche ?"
In La vallée de l’éternel retour, Ursula Le Guin, Mnémos, 2012, p. 11.
Au plus je travaille pour certains pays d’Afrique, au plus je vérifie que mon intuition de jeunesse était juste. Il n’y a pas de pays "sous-développés" ni de pays "en développement". Ce sont des fictions construites pour créer des marchés. Il y a des peuples. Ce qu’ils ont. Ce qu’on leur (…)
J’entends beaucoup que l’Europe devrait faire ceci ou cela. Se libérer de l’influence américaine, d’accord. Guérir de la masse de malheurs infligés et subis, d’accord. Renforcer les points forts, oui mais lesquels ? Qu’est-ce que ça veut dire pour moi d’être Européenne ? Je me sens Française, (…)
Quand j’ai découvert l’Holocauste, ma vie a changé pour toujours. Je voyais pour la première fois l’horreur dont les humains étaient capables. Je ne suis pas juive, cette blessure n’est pas la mienne et pourtant c’était la mienne du fait d’être humaine. Celle-ci, et d’autres. Durant ce cours (…)
Alors on s’bloque (soundtrack Stromae). On proteste. On essaie de se faire entendre de Goliath pour lui dire "pas contents, pas contents" sachant bien qu’il est sourd. Sinon, on désobéit peu, on réorganise nos vies frileuses, on pétoche. Ou alors on s’engage sur le front qu’on peut tandis que (…)