Guardalavaca
Des patrouilles partout, une jolie route, une autre planète bien propre juste pour les touristes, où les Cubains de peuvent même pas entrer. La pauvreté existe partout mais là, ceux qui travaillent (et ils bossent les Cubains !) n’ont accès à rien – ils ne vont nulle part en vacances, ils ont droit à un mois qu’ils gardent en cas de maladie. Ordalis avec son taxi gagne 240 pesos national soit env. 20 CUC/mois et, par exemple, les médicaments importants sont exclusivement dans les cliniques pour touristes payables en CUC. Un tube d’aspirine = 10 CUC.
Chez Norvelis et Oscar, un portrait de Padre Pio – si, et une nature morte peinte par un de leurs amis : la copie d’une toile flamande de B. Claesz avec deux noix de coco en plus...
Oui, la mer est sublime, oui. Pour qu’il y ait si peu de vols sur l’île on peut imaginer comme la police ils la redoutent. Dayris m’explique la vie culturelle trépidante de Holguín en compagnie du vieux coco Rico et du sémillant Raúl. On va boire tous ensemble un verre à la Marqueda comme on le ferait entre copains dans n’importe quel pays – enfin.
Au lieu de verbaliser les Cubains sur les routes pour rien avec leurs voitures qui roulent à la grâce de Dieu, pourquoi pas verbaliser ces vieux croulants qui paient un ou une jinetera qui, si il ou elle avait le choix, ferait bien autre chose qu’embrasser un vieillard putride.
Combat de coqs jusqu’à la mort. Pizza sur le bord de la route. Et toujours cette oscillation cubaine, à laquelle je ne m’habitue pas. Je ne lis presque rien. Je suis là, c’est tout, vivante et c’est bien. Il y a une très grande habitude du mensonge ici et ce n’est pas désagréable. Il y a ceux qui boivent le salaire. Le rhum est lent. Le reggaeton partout, à plein volume. C’est une drague permanente de tous les hommes, toutes catégories sociales et tous âges confondus.
Du coup, dans ce pays communiste, tout le monde ne pense qu’à l’argent : comment le gagner, comment le changer en CUC, comment se procurer ceci ou cela. Résultat cette jeunesse ne rêve que de grosses voitures et de héros américains, bien sûr. Les gamins ont d’ailleurs des noms américains : Bryan, Terry, Morgan...
Camaguëy
Enfin un labyrinthe ! Enfin de vraies places avec des arbres, des bancs, des cafés, des églises, des repères pour mes yeux. Je revis. Je voudrais rester plus longtemps dans cette ville... Une pizza au bord de la route debout dans la foule, sorte de beignet huileux au fromage.
Bruit permanent, manque d’intimité tout le temps. Les malentendus pour donner du feu, prêter un stylo et se faire insulter ensuite parce qu’on ne comprend pas le patois. Un genre de sport je suppose. Dîner improvisé avec Evelyne et Jean-Claude, alter-mondialistes encore en illusions me semblent-ils. Disent qu’en Inde et en Afrique, la misère est moins agressive qu’ici, le rythme plus lent, la spiritualité présente, la beauté aussi. Ils ont du mal à Cuba. J’espère ne jamais être capable de comparer les misères.
Ciego de Avila
Arrivée juste avant la nuit pour photographier l’église de l’enfance de Cristina, mon amie marseillaise qui quitta l’île toute jeune pour n’y plus revenir. Ai pu retrouver sa maison, celle de la Sinora Abuela Morgado... hora es una galeria de arte ! J’ai réussi à retrouver aussi sa cousine Miriam, blonde comme elle. Cette soirée du Dias de Amor, je la passe ensuite sur la route dans un taxi improbable en route vers Trinidad avec Angel et Ale, à écouter enfin de la vraie et bonne musique cubaine sous les étoiles douces.
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(c) Eva Wissenz