Tandis que Super U propose pour la rentrée une vaisselle flanquée d’un symbole radioactif et de la mensongère mention "zone protégée", notre gouvernement se réunit, fédère et décide de l’avenir énergétique et écologique du pays.
Mais attention, terrain miné et parmi la liste des convives nulle trace du Réseau Sortir du nucléaire. Tiens donc.
Aberrant.
Sidérant.
Le Japon est sur le point d’annoncer sa sortie du nucléaire - le Japon, hein, pas un sombre pays au PNB translucide, non le Ja-pon, et nous, nous qui sommes les champions de cette énergie mortifère, nous nous payons le luxe d’éviter le sujet.
Tuant.
Des scientifiques se sont récemment réunis au Japon cet été en affirmant que “Notre obligation majeure vis-à-vis de toutes les personnes touchées par le désastre de Fukushima est d’éradiquer les armes nucléaires et de sortir de l’électricité nucléaire" (IPPNW).
Nous non.
Cet été encore, le prix Nobel alternatif Chico Whitaker, un des fondateurs du Forum Social de Porto Alegre, mettait en garde contre une société nucléaire à deux vitesses (ici - en anglais).
Mais nous en France, non.
Il n’y a pas plus de "zone protégée" que de bienfaits à la crème de soin au radium, comme celle qui était à la mode dans les années 1930.
Allez, une petite victoire pour moral et raison garder. Cela se passe aux USA où, à l’issue d’une bataille de 5 ans, le 30 août dernier le NIRS (Nuclear Information and Resource Service - équivalent de notre Sortir du nucléaire) du Maryland a réussi à faire suffisamment pression pour qu’EDF n’obtienne pas les permis de construire le Calvert Cliffs-3, une merde étendard de "la renaissance du nucléaire américain".
Comme ils le disent eux-mêmes : "Aujourd’hui, nous avons gagné ! Nous avons battu un des plus gros cabinet d’avocats pro-nucléaires, Winston and Strawn. Nous avons battu EDF, Areva et le gouvernement français - qui sont le vrai pouvoir qui se cache derrière le projet Calvert Cliffs-3. Nous avons battu tout l’establishment politique du Maryland qui nous a soutenu dès 2007 même si beaucoup nous avaient récemment retiré leur soutien. L’ASLB a non seulement refusé le permis mais a ajouté qu’EDF n’était même pas éligible pour un permis."
Si la mémoire vous fait déjà défaut, n’hésitez pas à voir ce témoignage du dernier habitant de Fukushima.
Ce n’est pas le moment de s’endormir en se faisant croire que le nucléaire peut être sans danger. Il ne peut pas. Et s’il faut encore vous en convaincre, ou convaincre autour de vous, précipitez-vous sur le dernier numéro spécial de Charlie Hebdo - une somme d’indépendance et d’infos sur ce sujet ô combien vital.