Eva Wissenz
  • Accueil
  • Blog
  • Livres
  • Podcasts
  • Presse
  • A Propos
  • Contact
  • Instagram Linkedin Mastodon

Des poissons, des océans

Jeudi 12 juillet 2012, par Eva Wissenz

"Comme j’ai fini par le constater, le mot guerre est le terme exact pour évoquer notre rapport aux poissons - il décrit précisément les technologies et les méthodes mises en œuvre à leur égard, ainsi que l’esprit conquérant qu’elles traduisent. Plus mon expérience du monde de l’exploitation des animaux à des fins alimentaires s’est approfondie, plus il m’est apparu évident que les transformations radicales qu’a connue la pêche au cours de ces cinquante dernières années sont l’expression d’un phénomène beaucoup plus large. Nous avons déclaré la guerre, ou plutôt laissé mener la guerre contre tous les animaux que nous mangeons. Cette guerre est d’un type nouveau et porte un nom : l’élevage industriel.
[...] L’élevage industriel considère la nature comme un obstacle qui doit être surmonté.
[...] Les technologies militaires ont été littéralement et systématiquement appliquées à la pêche. Radars, sonars (autrefois utilisés pour repérer les sous-marins ennemis), systèmes électroniques de navigation développés pour la marine de guerre et, depuis la dernière décennie du XXe siècle, localisation par satellites permettent désormais aux pêcheurs d’identifier les lieux de rassemblement des poissons et d’y retourner au moment opportun. Des images satellites des températures océanes sont également utilisées pour repérer les bancs de poissons.
Le succès de l’agriculture industrielle dépend des représentations nostalgiques que les consommateurs se font de la production de nourriture - le pêcheur ramenant sa prise au moulinet, l’éleveur de porcs qui connaît chacun de ses cochons, l’éleveur de dindes observant un petit bec brisant la coquille de son œuf - parce que ces images correspondent à quelque chose que nous connaissons et en quoi nous avons confiance.
[...] Que se passerait-il si l’étiquetage d’un produit indiquait combien d’animaux ont été tués pour que celui que nous voulons manger se retrouve dans notre assiette ? Eh bien, pour ce qui concerne les crevettes d’Indonésie, par exemple, on pourrait lire sur l’emballage : POUR 500 GRAMMES DE CREVETTES, 13 KILOS D’AUTRES ANIMAUX MARINS ONT ÉTÉ TUÉS ET REJETÉS A LA MER."

In Faut-il manger des animaux ? de Jonathan Safran Foer, 2010, Point Seuil, p. 49 sq.


Pensées, fragments, poèmes et courage... continuons à partager

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?


Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Les raisons d’un abandon

Pour avancer, il faut dégager la route, tout passer au tamis. Y compris le respect. Y compris la culture. Y compris les monuments. Je l’ai donc laissé dans une bibliothèque. Dans le placard qui fonctionne comme une boîte à livres , où l’on peut abandonner des livres à une autre vie que la (…)

Lire la suite

Se demander à quoi ça sert

1998. Je ne vois pas pourquoi rester dans des emplois souvent superficiels alors qu’il y a tellement de souffrances en ce monde. Qu’est-ce que je peux faire ? Qu’est-ce que j’aime faire ? 1999. Écrire des livres qui encouragent et qui imaginent des futurs où en s’en sort. Alors j’écris (…)

Lire la suite

La décharge morale

Depuis quelques années, on sort des décennies de poubelles, et c’est indispensable de le faire évidemment. C’est grâce à la parole des victimes et à toute la lumière portée sur des faits désespérants que nous sommes en mesure de "voir", et que la société peut espérer changer. Il faut reprendre (…)

Lire la suite

Nous sommes les éléments d’un poème sans auteur

« Cher monsieur qui, un jour dans une librairie où je signais mes livres, m’avez dit qu’il était impossible de vivre dans le monde et d’écrire des poèmes, j’aimerais ici vous répondre. Votre visage était précieux. Il sortait d’un bain d’enfance. Votre question était vivante - un lézard sur le (…)

Lire la suite

Home Flux RSS Login