C’est le printemps de toutes les surprises !
Je ne savais pas que mon travail d’écrivain et d’éditrice à l’époque avait retenu l’attention de Mémoire de l’Avenir porté par l’Unesco.
Je travaillais alors avec Helaine Charbonnier et Hélène Chartier à leur si beau "Petit Lexique", sorte de nouveau dictionnaire sensible d’un futur apaisé. A San Francisco, Urs Riggenbach revoyait les dernières épreuves avec moi. C’était le dernier livre que j’allais éditer mais je ne le savais pas encore.
Je me souviens du moment où cette petite vidéo avait été réalisée, vite fait, comme une bouée de sauvetage dans le cauchemar conjugal que je vivais alors. Tout était d’ailleurs fait si vie, à la sauvette. Je me souviens de mon épuisement absolu et d’avoir pensé tandis que la caméra filmait mon visage de trop près que si je mourrais bientôt au moins il resterait ça.
Quelque chose en moi à tenu bon pourtant. Cette chose ténue, impalpable, claire, bienveillante et libre qui n’a pas de nom. Ce souffle que tu peux qualifier comme tu veux.
A l’époque, je pensais être au bout et je n’en étais qu’au début. Il m’a fallu des années pour m’en dépêtrer, défaire la toile dans laquelle j’avais été si habilement prise, tout mettre à plat, clarifier, voire où j’avais été victime et où j’avais de l’appui pour me redresser, me reconstruire et reprendre ma vie en main.
Écrire a toujours été ma passion. J’ai rêvé d’écrire des fictions qui élèvent un peu et je l’ai fait. Puis j’ai mis les mains dans le cambouis, portée par le même élan d’amour vers le vivant et les humains. J’ai appris à jardiner. Puis je suis devenue entrepreneure en Finlande avec ces grands fours solaires qui m’ont valu tant de scepticisme à l’époque, et parfois encore.
L’autre jour, j’ai participé à un ouvrage collectif. Des histoires de femmes, de migrations, à ne pas toujours savoir, ou pouvoir, trouver les mots justes.
De me déouvrir là, sur ce site, avec mes quelques mots en compagnie de tant d’autres artistes talentueux, fait du bien à cette part de moi qui a tant mis de côté ma satisfaction pour approfondir l’esprit de service à la communauté. Oui, même si je l’apprends des années après, ça fait du bien.
J’ai eu souvent l’impression de m’y être très mal prise, j’en suis même tout à fait certaine, mais au vu de tout ce qui se passe et de qui fait quoi pour se bouger face à l’inertie, qui sait ?
Vertigineux.
Voici le lien vers HAS - Mémoire de l’Avenir : https://humanitiesartsandsociety.org/artists/eva-wissenz/