Si on prenait un café et que je te racontais l’histoire de la lettre que je tiens dans les mains, si je te racontais une grosse épreuve que j’ai traversée, qui a duré des années, il y a pas mal de chances que tu te dises "d’accord mais... y a pas de fumée sans feu".
Je le sais parce que 9 fois sur 10, quand j’en ai parlé, c’était la réaction et ça m’a tellement freinée.
Dans beaucoup de cas, c’est pas faux. Mais pas avec les pervers narcissiques. C’est différent.
Et là, tu peux te dire "ouh là, j’en peux plus de ce truc, c’est juste une mode, elle est tombée dans le panneau, la pauvre." Non.
Je n’ai aucune envie de rentrer dans le détail ni de te créer de l’empathie en parlant de trop près donc une simple liste. Pour t’informer mieux, toi et d’autres. C’est très important.
– Un homme soit-disant féministe, altruiste et pour l’égalité des tâches
– Qui n’en fichera pas une, ou presque, qui mais s’agitera beaucoup pour faire croire que si
– Et ça empire avec la naissance d’un enfant, puis d’un deuxième
– Mariage dysfonctionnel qui tient à coup de promesses et de "j’essaie", "je vais essayer"
– Frustrations, cris, tristesse, impasse, impasse, impasse, et des heures et des heures de discussion pour "faire des plans", avec encore plus d’impasses qui s’empilent
– Séparation après 8 ans ensemble. 1ère fissure du personnage. J’essaie de recoller les morceaux pendant 3 ans sans voir la manipulation (et comment la voir quand tu es au centre d’une toile d’araignée ?)
– Divorce et fin de non-recevoir. Explosion du "faux self" et mise à nue : c’est maintenant que c’est chaud. Avant ça, je n’avais rien vu.
Pendant les 4 années qui ont suivies j’ai assisté à la mise en scène de l’homme-victime soudainement devenu "un bon père" et un ex-mari qui ne "voit pas où était le problème".
J’ai subi le harcèlement moral et sexuel, puis professionnel (on avait créé une entreprise ensemble) jusqu’à ce que cette folie s’étende à toute une équipe qui, atterrée, réussit à le licencier.
Là, le harcèlement moral redouble, triple, quadruple, jusqu’à recevoir des centaines de messages par semaines, qui deviennent des mois.
Ce poison se répand partout, chez tous les clients, prestataires, partenaires, par courrier, sur certains réseaux, auprès de différents services de police, dans des séries de vidéos, il se répand et m’accuse, nous accuse des crimes les plus affreux, sans aucun souci de vérité.
Je me retrouve à porter plainte contre une personne que j’ai profondément aimée, le père de mes enfants.
Je vis loin de mes racines, je suis extrêmement isolée pendant tout ce temps.
Je ne dors plus, j’ai mal partout, je tiens à un fil mais je tiens bon sang.
L’équipe explose, certains et certaines ami-es me jugent "irascible", "pas facile", "pas de feu sans fumée", tu vois ? On me décrit avec des mots qui n’ont rien à voir avec moi.
Forcément, j’y suis pour quelque chose ? Non.
Forcément, il n’y a pas de fumée sans feu ? Non.
J’exagère. J’en fais trop. Je suis trop ? Non.
D’autres s’asseyent, m’écoutent, je commence à être entendue et comprise, je commence à apprendre à nommer ce cauchemar, des associations m’aident, thérapie, puis les victoires commencent, je rends les coups et c’est très très lent parce que je n’ai que la justice pour m’aider et la justice est très très lente.
Injonction restrictive. Victoire en appel. Garde des enfants et autorité parentale. La liste de tout cela est en réalité deux fois plus longue. J’y reviendrai peut-être un jour, je ne sais pas.
Son but ? Me détruire via ce que nous avions créé ensemble : une famille, une entreprise. C’est ce que font ces malades.
Son temps ? Il a tout son temps et il joue l’usure. Il a failli réussir car j’ai failli y rester.
Comment il tient ? Pendant que la victime que j’étais s’épuisait, il tirait de la force de tout ça, et il revenait à la charge, inlassable.
Dans la lettre que je tiens dans les mains, la police m’informe que la plainte déposée contre moi il y a un an et demi pour soit-disant enlèvement ne donnera lieu à aucune enquête. Effectivement, nous étions en vacances.
C’est ça un pervers narcissique : le feu, la fumée et toute la réserve de bois, H24 et 7/7j.
Toute femme qui te dit "je crois que je vis / travaille avec ce profil", écoute-là et donne-lui, par exemple, le lien vers cet indispensable entretien du sociologue Marc Joly.