Juste avant de nous envoler vers la Finlande, nous tombons sur une ancienne édition d’Un hiver dans la vallée des Moumines chez la jeune voyageuse qui nous héberge. Comme si, au cas où nous aurions conçu quelque crainte face l’étendue de l’inconnu qui s’offre à nous, un livre populaire finlandais avait décidé de se trouver là et nous rappeler à la raison.
« Derrière la lanterne, quelqu’un s’était creusé une place confortable dans la neige et s’était couché là pour regarder le ciel d’hiver. Moumine l’entendait siffloter bien que très doucement.
– Qu’est-ce que c’est comme chanson, demanda-t-il.
– Une chanson sur moi-même, dit-on du creux. Une chanson sur Tou-ticki qui a fait une lanterne de neige. Mais le refrain parle d’autre chose.
– Je comprends, dit Moumine, et il s’assit dans la neige.
– Non, dit Tou-ticki amicalement en se redressant suffisamment pour montrer les rayures rouges et blanches de son chandail. Non parce que le refrain c’est justement sur les choses qu’on ne comprend pas. Pour l’instant, je pense aux aurores boréales. On ne sait pas si elles existent ou si elles en ont seulement l’air. Tout est très incertain et c’est précisément ce qui me rassure. »
N’est-ce pas ?