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Les moineaux - Tableau parisien V

Mercredi 9 novembre 2016, par Angélique Boudet, Eva Wissenz

« Les moineaux sont des hommes extrêmement intéressants. Leur trait distinctif est de vouloir se tenir toujours au plus près de Dieu, dans une intimité particulière. Tu n’es pas sans savoir que François fut, dans un vibrant champ d’Italie couvert de campanules, de coquelicots, d’hysope et de marjolaine, un moineau remarquable, entouré de nuées colorées et parlant à l’univers la langue du cœur. Dans toutes les spiritualités se trouvent des esprits qui butinent ainsi le divin avec joie et narguent ces autorités qui font comme des miroirs déformants. Par exemple, au XIIIe siècle, en Souabe et en Allemagne, une communauté de moineaux prit le nom de Frères du Libre Esprit. Selon ces religieux, l’homme émane directement de Dieu et partage pleinement avec Lui sa divinité, sans avoir à se plier à aucun devoir ni à aucune obligation morale. Il me semble que l’homme devrait avoir le plus grand respect envers cette qualité divine qu’il possède. »
Tels sont du moins les propos que je rapporte de mon ami Pierre. Il a toujours eu besoin d’ordre, sans jamais s’expliquer clairement ce besoin. Avant de se dire moineau, il fut moine un temps dans les ordres et en garde, je pense, le goût du rangement et des rituels. Il possède une splendide collection de chaussettes soigneusement rangées par teintes et ne sort jamais sans sa veste chinoise bleue, épaisse et matelassée, qui est comme sa carapace pour ce dehors qu’il contemple comme la carte d’un territoire mystérieux. Il calligraphie les arbres, dit que le monde manque. Il vit très retiré, marche beaucoup, parle peu, aime ardemment et participe en priant sincèrement. Il a un jour rencontré Virn au cours d’un séminaire sur les calligraphies orientales. Virn est derviche et ne connaît Dieu qu’en déroulant une natte de transe avec d’autres qui dansent comme lui. Pierre et Virn ne prient pas ensemble, quand l’un peint, l’autre danse, mais, complices, ils volent dans le même ciel où chacun a sa place.

(c) Texte Eva Wissenz, extrait du recueil de nouvelles "Des humains" - Photographie Angélique Boudet.


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