Dans ma Vie de Rêves, la générosité occupe une place centrale. Celle que je fais circuler tout comme celle qui vient vers moi. On dit que l’on reçoit ce que l’on donne, et il y a du vrai mais, en même temps, un peu comme le karma, cette façon de voir a de grosses limites que ne vous échappent pas je pense.
En gros, donner un coup de main, soutenir un douleur, partager un chaos, proposer un appui, ouvrir sa table au voyageur, son écoute à une amie en peine, toutes ces valeurs ont été au cœur de mon éducation, de mes échanges, et même de mon entreprise. Pour autant, je me demande si ces choses amples ont encore une valeur, un feu, de nos jours ?
Je l’espère, oui, car il y a dans tout ceci une dimension d’aide franche, de confiance en l’autre et dans la circulation, de saine solidarité car celle ou celui qui aide les autres à atteindre leurs objectifs, atteindra toujours aussi ses objectifs puisque c’est dans le fait même d’aider les autres que l’objectif est atteint. Je te tends la main, tu me tends la main, nous nous reconnaissons frères et sœurs humains.
Après, à force, j’ai pu voir que la réception du don pouvait être vraiment problématique. Soit parce qu’en réalité, personne ne t’a rien demandé. Ou qu’une forme d’esprit de dette s’installe quand le don est mal équilibré, que des frustrations ou malentendus s’empilent. Pourtant, au départ, chez beaucoup de gens, tant de choses sont faites par don.
Alors dans ma Vie de Rêves, j’ai longtemps été hantée par le pardon. Je me disais que le pardon élèverait tout, ouvrirait tout. Que je sois pardonnée, que je pardonne, que j’en sois capable et toi aussi, pour tout un tas de choses. Or , plus je vis, plus je rêve et plus je vois que mon rêve de pardon a été tricoté serré avec à la culpabilité d’avoir mal donné, pas assez ou trop donné, ou espéré à côté de la plaque.
Mais, finalement, quand le regard sur la vie se fait plus indulgent, est-ce que quelqu’un est réellement coupable dans ces histoires ? En général, les victimes se sentent éternellement coupables mais quand cette culpabilité est comprise, vue, recyclée, plus besoin de pardon, sauf à continuer à croire dans les forces de l’amour et du don. Et là, peut-être, je dis bien peut-être que l’on peut toucher à l’essence de l’amour de l’autre, à des relations libérées de ces dynamiques faussées.
Il arrive aussi, et cela m’est arrivé quelques fois dans mes pires cauchemars, qu’une personne utilise la générosité dans une distorsion, dans une circulation conditionnée, faite de sens uniques, d’attentes déçues et de projections mesquines, et que, aveugle aux coups qu’elle porte, n’exprimant jamais aucune excuse, aucun regret, ni aucun désir de clarté, tu doives apprendre à la dure qu’il n’est pas toujours bon d’être généreux . Là, il n’y plus rien à donner ni peut-être même à pardonner mais simplement accepter.
Ce rêve de pardon, je suis contente qu’il ne soit plus là et qu’il se soit transformé en force d’acceptation.