Quand je pense aux moments difficiles que j’ai traversé par le passé, je me souviens que je n’avais pas besoin d’inspiration, d’encouragements ou de direction. Non, j’avais besoin d’humains ayant la force de me rencontrer dans ma fragilité, avec respect, voire pudeur même, sachant que le cœur a beaucoup plus besoin d’amour que de solutions. J’avais besoin d’un espace dans lequel je pouvais penser exactement ce que je pensais, ressentir exactement ce que je ressentais, et me sentir belle, vivante et grande malgré tout, comme j’étais là au-milieu des ruines de ma si jeune vie. C’est ce baume qui nourrissait mon âme, qui m’aidait à me relaxer dans le mouvement naturel de ma vie intérieure.
Cette idée que notre épreuve doive servir à quelque chose ou que l’on soit censé l’utiliser pour évoluer peut être si agressante lorsque ses flammes sont toujours en train d’incendier nos vies. C’est une forme de violence que l’on s’inflige, nous les humains, de nous demander d’être positif trop tôt.
Parfois, le courage ne nous demande pas de changer ni de surmonter nos peurs, mais simplement de les accueillir sans détourner le regard. Parfois, c’est juste de se détendre dans ce qui est – même dans notre anxiété, si c’est ce qui domine… De poser une limite douce fermement... De semer nos fleurs exactement où l’on est. Et les fleurs ici ne seraient pas une métaphore pour le bonheur, mais pour l’amour. Car on ne peut pas toujours choisir d’être heureux, mais on peut toujours choisir de s’accueillir avec amour, peu importe ce qu’on vit. Si l’on y pense, c’est la seule chose qui ne saurait nous être enlevée : cet accueil. C’est ce qui permet un bonheur de plus en plus réel et profond, aussi.
Et s’il y a effectivement quelque chose de beau et de lumineux qui peut émerger dans une vie, ce sera par ce chemin de tendresse et de vérité.
Mikko Lagerstedt est le photographe.