Wangari Muta Maathai est née en 1940 au Kenya. Elle est la première femme africaine à avoir reçu le Prix Nobel de la Paix, en 2004, pour « sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix ». Comme quoi l’écologie et la paix, c’est lié !
Le Kenya, jadis colonisé par les Allemands et les Anglais, est indépendant depuis 1963. Dans ce pays, à peine plus petit que la France, on parle une bonne quarantaine de langues. Des ethnies sont globalement majoritaires : les Kikuyu, les Luhyas, les Kalenjin, les Luos, les Kambas et les Masaïs, ces fameux guerriers tellement épris de liberté qu’ils se laissent mourir quand on les met en prison... Situé sur la Sun Belt, les sols, les montagnes et les forêts du Kenya souffrent du réchauffement climatique.
Wangari Maathai est une Kikuyu, une fille de fermiers qui, étant l’aînée de la famille, s’est occupée de ses frères, de ses soeurs, de la cuisine et du ménage ! Heureusement pour elle, ses parents avaient les idées larges et l’ont quand même envoyée à l’école. En 1964, elle est la première femme à obtenir un baccalauréat en biologie en Afrique de l’Est. Elle part alors deux ans étudier aux Etats-Unis puis entre l’université de Munich. En 1971, elle passe son doctorat et travaille à l’université de Nairobi dont elle deviendra la doyenne.
Ceinture verte et reins solides !
En 1977, pour lutter contre la désertification et l’érosion des sols, Wangari Maathai créée le Green Belt Movement (ou Ceinture verte). Largement soutenu par les femmes du pays, ce mouvement a planté 30 millions d’arbres depuis sa création ! Sa fondatrice est tellement efficace qu’on l’appelle Tree Woman (la femme des arbres) ou Mama Miti (la mère des arbres) et elle arrive même a convaincre l’armée kenyane qu’il vaut mieux planter des arbres que tuer des hommes ! Active dans le domaine des droits des femmes, Wangari, mère de trois enfants, divorce en 1979... Pour l’anecdote : « son mari a affirmé au juge qu’elle avait un trop fort caractère pour une femme et qu’il était incapable de la maîtriser » et le juge lui a donné raison. Pour avoir déclaré dans la presse que ce juge ne pouvait qu’être incompétent ou corrompu, elle fut emprisonnée pour une première fois pour quelques jours. Ses convictions politiques et son militantisme lui ont par la suite fait prendre plusieurs fois le chemin de la prison et elle a été souvent attaquée pour avoir demander des élections multipartites, la fin de la corruption et de la politique tribale.
Une reconnaissance mondiale
Wangari Maathai a commencé à être connue hors du pays lorsqu’elle s’est opposée à la construction de la luxueuse villa du président Arap Moi qui impliquait d’abattre beaucoup d’arbres. A partir de là, des soutiens internationaux ont commencé à lui être apporté, notamment de la part des Nations Unies. Elle défend ardemment l’environnement et la démocratie toujours en prônant la non-violence. En 2002, elle est entrée au Parlement kenyan (à 50 voix contre une) et a fondé le parti vert Mazingira. Un an après, elle a été nommée ministre-adjointe de l’Environnement.
Bien sûr c’est une leçon de courage et derrière l’action de Wangari Maathai, il ne faut pas oublier celle de millions de femmes africaines qui se battent pour faire bouger les choses... aidées par des millions de non-africaines un peu partout dans le monde, comme Jane Goodall par exemple qui étudie, défend et protège les chimpanzés depuis des années.
L’Afrique, berceau des femmes-courage ? Evitons les clichés mais si le Kenya est actuellement le principal producteur de roses de l’Union Européenne, il ne faudrait pas oublier que c’est non loin de là qu’ont été retrouvé les restes de Lucy, notre grand-mère à tous et toutes, une Australopithecus afarensis jeune de 3 500 000 ans !
Eva Wissenz, hiver 2009
Site du Green Belt Movement.
Site de l’Institut Jane Goodall.
Photos du site Green Belt Movement.