La vie de saint Christophe est une de celles qui me touchent tant.
Christophe vient d’un milieu païen en Lycie (Anatolie) et il veut entrer au service du plus puissant des princes. C’est un homme décrit comme grand et fort.
Il obtient les faveurs du roi d’Anatolie. Mais un jour, il lit la peur sur le visage du roi lorsque quelqu’un évoque le diable. Aussitôt Christophe veut rencontrer le prince de ce monde.
Un soir, le démon lui apparaît. Christophe accepte de le suivre. Mais peu après, parvenu à un calvaire, l’ange déchu est pris de panique à la vue de la croix. A cet instant, Christophe réalise qu’il doit désormais se mettre au service du Christ. Alors il cherche.
Un jour, il croise un ermite. Celui-ci lui explique qu’il peut servir Jésus en aidant les pèlerins à traverser un fleuve dangereux. Christophe ne questionne pas, il ne se demande pas si cela correspond à ce dont il avait rêvé. Il construit sa cabane près de l’eau tumultueuse et porte sur son dos les gens jusqu’à l’autre rive.
Un jour, il est réveillé en pleine nuit par la voix d’un enfant. Il sort une première fois, mais ne voit personne. Quelques minutes plus tard, il entend la voix de l’enfant, mais cette fois, l’enfant est là, devant sa porte. Il lui demande de traverser le fleuve. Christophe le met sur ses épaules, et s’engage aussitôt dans les eaux noires.
Parvenu à mi-chemin, le garçon devient de plus en plus lourd. Le fleuve se met à enfler : il manque de se noyer.
Parvenu enfin sur l’autre rive, il dit à l’enfant : « Il m’a semblé porter le monde sur mes épaules. »
Ce à quoi l’enfant mystérieux lui répond : « Non seulement tu as porté le monde, mais tu as porté celui qui l’a créé. »
Humilité de la tâche.
Trésors d’humanité dans les fardeaux.
Source : d’après Christophe Mory, Saint Christophe, Paris, Salvator, 2014.