"Je n’ai pas d’idée précise, je sais que chaque homme est comme un magma d’expériences, d’intuitions et de rêves, de désirs, de frustrations et de possibles. Je marche avec eux parce que j’essaie de reprendre possession de ma vie, en empruntant une voie différente de celle imposée depuis deux ou trois siècles par ma culture, mon milieu... Une vie peut-être bonne et simple. Comme tout le monde, j’avais entendu parler des Refusants mais je n’avais pas osé approfondir, j’avais peur. Il n’est jamais trop tard pour changer, n’est-ce pas ?
Il y avait tant de cynisme... J’ai soif d’authenticité et de beauté. On ne pouvait plus croire les grands discours, on savait bien qu’aucun n’avait marché et qu’aucune religion n’avait apporté la paix sur terre. Avant, je trouvais ça triste mais depuis, avec eux, je trouve que c’est une chance : tant mieux si on ne peut plus rien croire parce qu’il ne s’agit plus de croire mais d’être, et d’agir. Rien n’est fini, tout est à faire. Leur jeunesse leur donne une rapidité d’action qui nous manque. Nous pouvons constater, discuter, comprendre, eux aussi mais en plus, ils agissent, et si vite."
Extrait des "Pages arrachées au carnets des Sans Nous", in Fluxus.