Les minotaures sont une lignée.
De monstres. Qui remonte à l’Antiquité Grecque. Mi-taureau, mi-humain, sa vie de pulsions était encadrée dans un labyrinthe. Parce que c’est ce que l’on doit faire des monstres dangereux : les placer dans des lieux qui nous protègent de leur violence.
Je n’explore pas ici l’hypothèse que ce premier Minotaure puisse avoir été un bon gars maltraité par un royal papa sans cœur le forçant à massacrer une jeunesse, un "gentil monstre" quoi. Vous irez lire son édifiante histoire (et constaterez que les Grecs ne renieraient pas nos dérives, mais bref).
Reste que c’est un monstre. Il terrifie tout le monde et il est dominé par ses pulsions en même temps qu’il nous fascine par sa détermination, son ambition, son hors-norme. On le mettait donc à l’écart, dans un labyrinthe, et on interagissait avec lui une fois l’an, pas plus.
On ne le met pas sur la première page de tous les journaux, toutes les radios, toutes les news. Et moins encore en compagnie de tous ses frères et cousins. Car, oui, aujourd’hui les minotaures sont assez nombreux et se félicitent d’être là.
Tu peux les appeler "tyrans", "dictateurs", "masculin toxique" ou autres. On regarde leurs actions et, en comparant avec des autres chefs élus avec plus démocratie et de tempérance, on constate une différence saisissante : le chaos, l’excès, la mise à l’échelle et le goût du sang, vraiment. Tout ceci porté par des siècles de louvoiements avides et de sales manipulations. Les monstres se moquent bien de la vérité et des conséquences qui ne les affectent pas directement, c’est la marque de leur perversion (si souvent narcissique), quelle que soit l’échelle. Ils veulent le chaos et le construisent parfois avec une grande patience.
Je pense au vice-président Cheney dont on semble avoir oublié qu’il avait réussi à organiser sa vice-présidence sur le dos d’un bouffon, plaçant ses pions, favorisant ses amis Halliburtoniques et autres. Un autre entrepreneur total. Vous vous en souvenez ?
Les minotaures n’ont pas été assez éloignés. Nous leur avons fait place et ils occupent maintenant des postes clefs dans beaucoup d’endroits, se moquant des décisions de justice ou des volontés de leurs peuples comme d’une guigne. Ils ont une forme de force de destruction, de puissance, de résistance aussi qui fascine, hélas. Mais surtout ils brouillent les cartes, détruisent le sacré en l’ensevelissant sous des règles absurdes, car pour grandir en domination ces minotaures ont besoin d’inverser les rôles, de nous créer des labyrinthes, des confusions, des conflits de la pression, bref des illusions.
Ainsi, on avait vu se développer durant cette administration, un grand amour de l’"Unitary Executive Theory", à savoir que le Président de ce grand pays aurait la capacité de faire ce qu’il voulait et que cela serait "juste" parce que "c’est le président qui le décide". Et toc.
Si le Président juge donc que son administration gère mal ses dossiers, il peut en reprendre seul le contrôle en renforçant de sa volonté seule un exécutif de pleins pouvoirs choisi par lui. Cette finesse interprétative a été encore relativement peu exploitée outre-Atlantique mais elle l’a été sous au moins 2 présidents depuis 1960.
Alors oui, regardons les listes de mots supprimés mais regardons aussi les mots non-dits car vous ne trouverez que très peu d’articles rapprochant ceci avec cela.
Ainsi, la filiation politique entre l’administration Bush et l’actuelle, n’est pas clairement établie alors qu’elle devrait l’être. Mais si tu regardes, tu vois qu’ils sont bien cousins au premier degré, voire frères. C’est le même sang.
Dick ne souhaita pas la création d’un département de l’Education. Il a transformé l’effrayant "global warming" en doux "climate change" et s’est opposé à toutes les lois concernant la qualité de l’eau et les espèces en danger. Il a largement permis la mise en place de médias complètement vendus à une idéologie unique. Et n’aimait vraiment pas l’Apartheid, tout comme grand-pa’ Musk. Sans parler des guerres soutenues, des contrats mirifiques qui en ont découlé et de l’effarant "Project for a New American Century" Un PNAC contre un MAGA, click switch et hop !
Mais bon. Dick Cheney vota pour Kamala et sa fille s’oppose régulièrement au président en place parce que vraiment "il est trop dangereux" affirment-ils. Mais bon, Donald a organisé sa 2e investiture le jour férié qui célèbre la naissance de Martin Luther King. Un jour férié dont la création avait été contrée par Dick. Mais bon. Il y a parlé d’Age d’Or (merci les Grecs) et de sa volonté d’être un "faiseur de paix". Petits écrans de fumée parmi d’autres.
On voit les miroirs aux alouettes. On connaît l’immoralité. Et on a vu depuis se lever un autre minotaure, chargé de sang bien frais, également "vice" et limpide à Munich autant qu’en présence du président Ukrainien, par exemple.
Il faut vraiment regarder d’où viennent ces minotaures pour comprendre où ils vont car notre force sera la combinaison de nos courages, de nos mémoires vivantes et de notre capacité de clarté.
Les monstres ont toujours été présents dans l’humanité mais il s’agit de ne pas les encourager, de ne plus les croire et de les laisser dans leurs labyrinthes sordides.
A la fin de l’histoire, le Minotaure est vaincu par un combattant courageux et une pelote de fil de laine.
Et nous ? Pour en sortir, il nous faut des visionnaires (Dédale) capables de faire des plans robustes portés par une franche alliance hommes (Thésée) / femmes (Ariane). Il nous faut la capacité à ignorer le bruit pour rester concentrés dans des alliances décisives et elles sont possibles.
Tout cela est déjà là.
Thanks God.
Image 1. Minotaur at the National Archaeologic Museum of Athens. 2. Minotaur at the National Archaeologic Museum of Athens. 3. Concept art illustration of Minotaur from greek mythology by Mikolaj Niemczewski
Generated with AI. 4. Creating the Ultimate Minotaur Character In RPGs by Nerd Burglars. 5. Combat final entre Wonder Woman et un dieu de la guerre d’inspiration minotaurique.
Quelques ressources :
Les architectes du chaos, 3 épisodes du podcast "Sismique" de J. Devaureix (ici).
Mafia et Banques en Amérique, série de 3 documentaires de C. Bouquet et M. Verboud, Arte (ici).
Une histoire du peuple américain, de H. Zinn (ici).
Les Interviews d’Armide : Dr Marie-France HIRIGOYEN - Les Narcisse (ici).
Comment les pervers narcissiques renouvellent le patriarcat : l’analyse du sociologue M. Joly, France Culture (ici).